vendredi 23 décembre 2011

SÉRIES // DOWNTON ABBEY, QU-IN-TESSENCE DU BRITISH


Comme à son habitude, le monde anglo-saxon nous livre une nouvelle série pleine de promesses. Seulement cette fois elle n'est pas américaine, mais britannique. Et pur jus même ! 


Downton Abbey fait fureur outre-Manche, où elle compte près de 9 millions de fidèles par épisode. Le charme désuet de l'aristocratie, les drames, les froufrous 1900, les fins ressorts psychologiques de personnages tantôt attachants, tantôt odieux et évidemment l'humour acerbe et terribly british y sont sans doute pour beaucoup. Opposant deux mondes radicalement différents entre ceux d'en haut et ceux d'en bas, la série prend surtout l'allure d'une lutte des classes subtile et silencieuse. 

Le scénario n'a pourtant rien de révolutionnaire : Lord Grantham, riche aristocrate britannique, n'a que trois filles. Or ses terres sont liées au port du titre, et pour contourner le problème, il est convenu que Mary, l'aînée, épousera son cousin Patrick, héritier du domaine et de la fortune. Mais le naufrage du Titanic emportant Patrick, la famille se retrouve brusquement face à l'imprévu. Le prochain châtelain est un parfait inconnu, vague cousin trop lointain pour que l'on sache même qu'il existe, et qui, comble de l'horreur, travaille ! Le choc est de taille aussi bien pour la famille que pour leurs domestiques, au point que l'on ne sache parfois lesquels s'offusquent le plus de cette déchéance sociale. 

Les créateurs parient (avec raison) sur les dialogues, les costumes, les décors et le casting, qui sans prétention aucune, s'offre tout de même un luxe : la très savoureuse Maggie Smith. 


On retrouve des clichés typiques de l'aristocratie européenne du début de siècle, dont les rouages ont été bien sûr expérimentés par le cinéma depuis belle lurette, de Noblesse Oblige au Journal d'une Femme de Chambre. D'un côté on trouve par exemple la vieille douairière fière et conservatrice, le comte aux nobles sentiments mais dépassé par les événements, la fille aînée arrogante et indécise quant à son avenir, la cadette au physique ingrat et à l'esprit calculateur et la benjamine rêvant d'autonomie et militant pour le droit de vote des femmes. De l'autre le majordome plus royaliste que le roi, la cuisinière bourrue, le valet fourbe et ambitieux, la femme de chambre aigrie et la gentille et volontaire servante.

Sans accorder la part belle à aucun de ces deux côtés, Downton Abbey se fait le miroir - à un siècle d'écart, entre 1912 et 2012 - d'un monde en pleine métamorphose, à la charnière entre la Belle Epoque et les Années Folles, d'un monde connaissant en pleine mutation sociale entre rigueurs victoriennes et évolutions post 14-18, mais surtout, de deux mondes qui, intérdépendants, se respectent et s'envient autant qu'ils se méprisent, qui cohabitent presque familialement mais toujours sans familiarité.


A regarder, obviously, en anglais !

Solal de La Grandville

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