vendredi 19 novembre 2010

EXPO // ANDRÉE PUTMAN IN-VESTIT L'HÔTEL DE VILLE



Je suis ahurie de cette magnifique chance que j'ai d'avoir gardé la liberté de ne pas avoir été la petite chérie de l'establishment, d'avoir échappé à l'abrutissement des récompenses et des honneurs.

De la boutique Guerlain sur les Champs-Elysées à l'intérieur de l'avion Concorde, du Pierre Hermé tokyoïte aux boutons de manchettes Christofle, du piano Pleyel Voie Lactée aux loges VIP du Stade de France, de la boutique d'Anne Fontaine au bureau de Jack Lang, Andrée Putman représente le bon goût à la française. Cette acharnée de travail au style aussi élégant que destructuré, cette dame de fer du design, joue sur l'immatériel, les effets de lumière, la fantaisie, l'allégement, les perspectives pour atteindre une esthétique désencombrée. Issue d'une famille bourgeoise (elle est née à Saint-Germain-des-Prés en 1925), elle prend à contre-pied son éducation et déclare ainsi que les lieux bourrés, suffoquant de richesses, d'effets, de scintillements [lui] sont insupportables. J'aime revoir l'espace tel qu'il m'est livré, dans toute sa nudité.




















Portée par une carrière internationale, elle réussit le pari de réconcilier des matières aussi éloignées que le ciment et la mosaïque italienne, et popularise le loft. Rendues célèbres entre autres par la fameuse salle de bains de l'hôtel Morgans de New-York (au désormais célèbre carrelage noir et blanc), les créations d'Andrée Putman sont improbables, démesurées, d'une élégante modestie, en somme sont inclassables mais restent invariablement indémodables.

Certes, on en trouvera toujours pour douter de son originalité, ou du fait qu'une artiste qui s'est fait connaître aux États-Unis puisse représenter le style français, de même que certains prétendront que le damier de la salle de bain du Morgans donne la migraine ou encore que la simplicité de certaines pièces se retrouve aussi chez Ikea, mais, de la même manière que certains osent dire que Picasso dessinait comme un enfant de six ans et que tout le monde peut faire du Miro, nous ne prêterons pas plus d'attention à ces obtus, et nous vous engageons en sortant des rayons mobiliers du BHV à aller voir du vrai design, de la vraie architecture d'intérieur, du vrai goût !

Andrée Putman, ambassadrice du style est à l'Hôtel de Ville jusqu'au 26 février (entrée gratuite).

Solal de La Grandville

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